SAMEDI 02 AVRIL 2022, à 16H, venez participer à la dictée de printemps, écrite par E.Grève
(à la bibliothèque l'arc en ciel de Chamboeuf) |
DICTÉE DU 19 SEPTEMBRE 2021, écrite par E. Grève
Retrouvailles au bois doré
La trêve hivernale s’achevait.
Revigorées par les premiers rayons du soleil, martres et belettes quittaient leur squat et lissaient leur pelage. Attentionnées, l’œil aux aguets, hases et blairelles regardaient avec amour leurs rejetons caracoler dans les herbes tendres, tandis qu’à l’affût, ventres au ras du sol et pupilles dilatées, quatre jeunes vulpes affamées fixaient avidement la clairière où s’ébattaient insouciants levrauts, genettes et blaireautins.
Avisés, fouines, hermines et autres mustélidés se mettaient en quête de nouveaux terriers.
Oubliés glands et faines, coques et graines ! Tout en batifolant, écureuils et lérots briguaient avec entrain de nouveaux trésors culinaires.
Sous la mousse, fourmis et collemboles s’activaient, attirés par les sucs odorants des mycéliums affleurant sous la rosée et la douceur printanière.
Les arbres feuillus sortaient de leur dormance et déployaient leurs limbes dentés. Les bourgeons pointaient le bout de leur nez, attirant les bruants chanteurs, premiers chantres à fêter le retour des beaux jours : leur aubade matutinale énergique augurait d’une belle journée.
Brin à brin, chardonnerets et fauvettes s’appliquaient à la construction de leurs nids. Caquètements, piaillements, pépiements, bourdonnements, stridulations, gazouillis, toute la forêt résonnait de chants divers.
Peu à peu, la faune du bois doré reprenait vie.
Proie ou prédateur, ami ou ennemi, chacun savourait, pour un temps, le retour du printemps et la joie de se retrouver.
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Retrouvailles au bois doré
La trêve hivernale s’achevait.
Revigorées par les premiers rayons du soleil, martres et belettes quittaient leur squat et lissaient leur pelage. Attentionnées, l’œil aux aguets, hases et blairelles regardaient avec amour leurs rejetons caracoler dans les herbes tendres, tandis qu’à l’affût, ventres au ras du sol et pupilles dilatées, quatre jeunes vulpes affamées fixaient avidement la clairière où s’ébattaient insouciants levrauts, genettes et blaireautins.
Avisés, fouines, hermines et autres mustélidés se mettaient en quête de nouveaux terriers.
Oubliés glands et faines, coques et graines ! Tout en batifolant, écureuils et lérots briguaient avec entrain de nouveaux trésors culinaires.
Sous la mousse, fourmis et collemboles s’activaient, attirés par les sucs odorants des mycéliums affleurant sous la rosée et la douceur printanière.
Les arbres feuillus sortaient de leur dormance et déployaient leurs limbes dentés. Les bourgeons pointaient le bout de leur nez, attirant les bruants chanteurs, premiers chantres à fêter le retour des beaux jours : leur aubade matutinale énergique augurait d’une belle journée.
Brin à brin, chardonnerets et fauvettes s’appliquaient à la construction de leurs nids. Caquètements, piaillements, pépiements, bourdonnements, stridulations, gazouillis, toute la forêt résonnait de chants divers.
Peu à peu, la faune du bois doré reprenait vie.
Proie ou prédateur, ami ou ennemi, chacun savourait, pour un temps, le retour du printemps et la joie de se retrouver.
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DICTEE HIVER 2019
La schlitte du vieux Matt
Engoncé dans son vieux cardigan, Mathieu plongea avec délice dans la contemplation du soleil couchant sur les montagnes vosgiennes de son enfance.
Avec nostalgie, il se remémora ses courses d'antan auprès de son grand-père, Matt, découvrant, avec ses yeux d'enfant émerveillés, les métiers ancestraux de sa belle région : bûcheron, scieur de long, débardeur, cogneur, écorceur, et bien sûr, celui qu'il appréciait le plus : schlitteur.
La schlitte, luge géante de son enfance, camarade à part entière de toutes ses sorties.
Son grand-père, bonnet bleu barbeau enfoncé jusqu'aux sourcils, pipe coincée aux commissures des lèvres, était un schlitteur émérite.
Arc-bouté contre la grosse luge, il descendait à pas retenus sur les rondins transversaux qui fixaient les rails de bois au sol, bloquant ses pieds à chaque virage pour faire pivoter doucement sa cargaison, puis, d'un tour de rein, la remettait en mouvement. La schlitte gémissait, craquait, émettait toutes sortes de cris dus aux frottements. Assis sur le chargement de bois, le jeune Mathieu exultait. Musicien dans l'âme, il savait que les plus belles pièces d'érables sycomores seraient destinées aux luthiers dont la Région s'enorgueillissait d'être le berceau de l'archèterie mondiale.
« La schlitte tue l'homme en montant, et l'achève en descendant », ressassait le vieil homme qui avait vu nombre de ses condisciples tomber pour ne pas se relever. Une faute d'inattention,un chargement mal équilibré, des troncs ou des souchets cespiteux mal évacués et la luge basculait, entraînant avec elle ses grumes fraîchement marquées, mortelles pour le pauvre hère pas assez alerte pour leur échapper.
Néanmoins il n'aurait échangé son activité pour rien au monde : la fatigue était amplement compensée par ces moments précieux de contemplation, de relaxation parmi les plantes et les arbres, enivrés par l'exhalaison de l'humus sous la brume matutinale ou du parfum ténu des premières digitales pourpres.
Les derniers flamboiements du soleil couchant sur la montagne tant aimée contraignirent Mathieu à abandonner sa rêverie et rentrer dans la maison à appentis, legs ultime de son grand-père.
E. GREVE
DICTEE 2017
Assis devant l’arbre séculaire de la ferme de Colleville, sous la houlette des cochons qui lochent dans les malles pour le plus grand plaisir des hommes qui le content ensuite, j’ai connu l’un de mes repas les plus plantureux.
La chère était simple et délicieuse mais ce que j'ai dévoré ainsi, jusqu'à reléguer ces agapes fraternelles, ces délices parfumées -huîtres claires, jambon cru et fumé, asperges tendres à s’en pâmer, poularde garnie d’une pléthore de crème et de lardons et tarte au fruits dorés cachés sous un caramel insolent - au rang d'accessoires secondaires, c'est la truculence du parler de ces hommes, brutal en sa syntaxe débraillée mais chaleureux en son authenticité juvénile.
Je me suis régalé des mots, oui, des mots jaillissant de leur réunion de frères campagnards, de ces mots qui, parfois, l'emportent en délectation sur les choses de la chair.
Les mots : écrins qui recueillent une réalité esseulée et la métamorphosent en un moment d'anthologie. Les mots de mes amis de fortune, auréolant le repas d’une grâce inédite, avaient presque malgré moi constitué la substance de mon festin et ce que j’avais apprécié avec tant de gaieté était le verbe et non la viande.
Librement adapté d’une nouvelle de Muriel BARBERY « Une Gourmandise » 2000.
Additif pour départager les éventuels ex æquo :
Le dix-neuvième siècle constitue l’apothéose de la pâtisserie. De succulents desserts, tels de croquants croquembouches, des profiteroles vanillées voire des saint-honoré fondants régalent à cette époque les papilles des ploutocrates.
Assis devant l’arbre séculaire de la ferme de Colleville, sous la houlette des cochons qui lochent dans les malles pour le plus grand plaisir des hommes qui le content ensuite, j’ai connu l’un de mes repas les plus plantureux.
La chère était simple et délicieuse mais ce que j'ai dévoré ainsi, jusqu'à reléguer ces agapes fraternelles, ces délices parfumées -huîtres claires, jambon cru et fumé, asperges tendres à s’en pâmer, poularde garnie d’une pléthore de crème et de lardons et tarte au fruits dorés cachés sous un caramel insolent - au rang d'accessoires secondaires, c'est la truculence du parler de ces hommes, brutal en sa syntaxe débraillée mais chaleureux en son authenticité juvénile.
Je me suis régalé des mots, oui, des mots jaillissant de leur réunion de frères campagnards, de ces mots qui, parfois, l'emportent en délectation sur les choses de la chair.
Les mots : écrins qui recueillent une réalité esseulée et la métamorphosent en un moment d'anthologie. Les mots de mes amis de fortune, auréolant le repas d’une grâce inédite, avaient presque malgré moi constitué la substance de mon festin et ce que j’avais apprécié avec tant de gaieté était le verbe et non la viande.
Librement adapté d’une nouvelle de Muriel BARBERY « Une Gourmandise » 2000.
Additif pour départager les éventuels ex æquo :
Le dix-neuvième siècle constitue l’apothéose de la pâtisserie. De succulents desserts, tels de croquants croquembouches, des profiteroles vanillées voire des saint-honoré fondants régalent à cette époque les papilles des ploutocrates.
Dictée 2016 : Le jardin de ma grand-mère
Ma première expérience du jardin fut, me semble-t-il, celui du potager de ma grand-mère. J’y entrai, comme une enfant innocente, gambadant et sautillant, insoucieuse des allées et des plantes sagement alignées au cordeau, régulièrement espacées et agencées comme pour une revue militaire . Des forsythias jaune d’or aux pensées bleues, des bleuets mauves aux lys orange, toutes ces fleurs triées et classées respectaient scrupuleusement jusqu’à l’organisation chromatique. Et moi, telle une herbe folle, batifolais à tous les vents, piétinant à tout-va, enivrée par les mille senteurs et effluves exhalés. Mal m’en prit. Le rappel à l’ordre tomba. Pas question de divaguer dans un potager, qui est un endroit sérieux, rassis, honnête où le jardinier veille à l’ordonnancement des planches, à la bonne tenue des salades, à l’éradication des mauvaises herbes.
[ fin de la dictée junior]
Ce qui me frappa aussi fut la couleur et la consistance de la terre, grumeleuse, grise, terne comme les tabliers qu’arborait mon aïeule. Un triste jardin, grillagé, que poudrait sur les bords la poussière des voitures, en ces temps de village sans trottoirs. Un lieu de travail dont on attendait sa provende, dont les intrus, orties, lapins, chats et autres bestioles étaient chassés sans ménagement.
Longtemps après, devenue citadine, je fréquentais les jardins publics. Fi des légumes ordinaires : les poireaux et navets, les blettes et les choux, les oignons, échalotes, aulx, topinambours et panais étaient relégués au rang des consommables, vulgaires denrées à potage. Pas de légumineuses ou de cucurbitacées, seuls de dédaigneux arbustes, spécimens offerts par des visiteurs venus d’exotiques contrées, fleurs altières, nobles essences, choyés par des jardiniers professionnels trônaient en ces lieux. Le gardien du jardin y faisait une ronde qui croisait bien souvent les promenades turbulentes des lycéennes que nous étions. Sans doute apportions-nous, dans ces jardins livrés aux femmes dolentes des bacs à sable, aux vieillards à petits pas menus, aux rôdeurs de bosquets, trop d’éclats de rire, de voix. Pourtant, parfois, pérégrinant par deux, plongées dans les soucis amoureux de la jeunesse, nous enviions ces passants pressés qui traversaient le jardin, comme la vie, avec l’air d’aller quelque part.
Additif pour départager les éventuels ex æquo :
Concurrents émérites, pour vous départager, nous vous invitons à une balade bucolique, ponctuée d’achillées tomenteuses, de roses éburnées, de myrobolans mirobolants et de rhizomes ridés
Ma première expérience du jardin fut, me semble-t-il, celui du potager de ma grand-mère. J’y entrai, comme une enfant innocente, gambadant et sautillant, insoucieuse des allées et des plantes sagement alignées au cordeau, régulièrement espacées et agencées comme pour une revue militaire . Des forsythias jaune d’or aux pensées bleues, des bleuets mauves aux lys orange, toutes ces fleurs triées et classées respectaient scrupuleusement jusqu’à l’organisation chromatique. Et moi, telle une herbe folle, batifolais à tous les vents, piétinant à tout-va, enivrée par les mille senteurs et effluves exhalés. Mal m’en prit. Le rappel à l’ordre tomba. Pas question de divaguer dans un potager, qui est un endroit sérieux, rassis, honnête où le jardinier veille à l’ordonnancement des planches, à la bonne tenue des salades, à l’éradication des mauvaises herbes.
[ fin de la dictée junior]
Ce qui me frappa aussi fut la couleur et la consistance de la terre, grumeleuse, grise, terne comme les tabliers qu’arborait mon aïeule. Un triste jardin, grillagé, que poudrait sur les bords la poussière des voitures, en ces temps de village sans trottoirs. Un lieu de travail dont on attendait sa provende, dont les intrus, orties, lapins, chats et autres bestioles étaient chassés sans ménagement.
Longtemps après, devenue citadine, je fréquentais les jardins publics. Fi des légumes ordinaires : les poireaux et navets, les blettes et les choux, les oignons, échalotes, aulx, topinambours et panais étaient relégués au rang des consommables, vulgaires denrées à potage. Pas de légumineuses ou de cucurbitacées, seuls de dédaigneux arbustes, spécimens offerts par des visiteurs venus d’exotiques contrées, fleurs altières, nobles essences, choyés par des jardiniers professionnels trônaient en ces lieux. Le gardien du jardin y faisait une ronde qui croisait bien souvent les promenades turbulentes des lycéennes que nous étions. Sans doute apportions-nous, dans ces jardins livrés aux femmes dolentes des bacs à sable, aux vieillards à petits pas menus, aux rôdeurs de bosquets, trop d’éclats de rire, de voix. Pourtant, parfois, pérégrinant par deux, plongées dans les soucis amoureux de la jeunesse, nous enviions ces passants pressés qui traversaient le jardin, comme la vie, avec l’air d’aller quelque part.
Additif pour départager les éventuels ex æquo :
Concurrents émérites, pour vous départager, nous vous invitons à une balade bucolique, ponctuée d’achillées tomenteuses, de roses éburnées, de myrobolans mirobolants et de rhizomes ridés